Questions à Alia Boukhris, directrice du bureau de représentation Echapevoo

Echapevoo, qui représente 14 réceptifs étrangers en France, se félicite d’un marché MICE toujours dynamique et d’un retour à des pratiques plus vertueuses et plus éthiques.

Les tendances sont bonnes, avec une évolution importante depuis le début de l’année : moins de demandes mais plus qualifiées et qui aboutissent davantage alors que depuis plusieurs années, on constatait une surenchère avec une mise en concurrence excessive entre destinations et réceptifs/DMC, qui était contre-productive pour tout le monde. Confrontés à de nombreuses demandes de devis en dernière minute, trop incertains et avec des budgets trop bas, certains DMC ne voulaient même plus répondre aux appels d’offres. La situation s’est assagie, et c’est tant mieux. Il faut peut-être y voir la conséquence de la publication du Guide de la relation annonceur/agence par l’organisation professionnelle Lévénement, largement relayé auprès des agences qui ont-elles mêmes prêché la bonne parole auprès des entreprises clientes. De plus en plus, même si elles ne sont pas toutes vertueuses, les agences nous interrogent pour travailler avec un seul DMC exclusif. Cela permet de faire des propositions plus qualifiées et plus originales. Nous gagnons ensemble.

Les hausses des prix, tant pour le transport que pour l’hôtellerie, constituent bien évidemment un frein potentiel. C’est vrai en particulier pour les destinations longs courriers, même si nous sommes toujours interrogés. De leur côté, les capitales européennes doivent désormais gérer à la fois le retour des clientèles lointaines, notamment en provenance des Etats-Unis et désormais d’Asie, mais aussi la demande domestique des entreprises qui privilégient des événements dans leur propre pays, avec pour corollaire des tensions sur les tarifs et les disponibilités. Par exemple, Lisbonne et Porto affichent complets de septembre à novembre et il faut déjà se positionner pour 2024. Pour autant, les entreprises veulent continuer à organiser des événements, notamment pour motiver leurs équipes à la sortie de la crise sanitaire et alors que le télétravail se généralise. Quitte à réduire la durée du voyage ou la taille du groupe, de faire des économies avec un hébergement moins « waouh ». En revanche, elles veulent préserver la partie expérientielle. Plus que jamais, il faut leur conseiller d’anticiper… 

Echapevoo représente quatorze DMC, avec pour nouveauté CTI en Italie et Euromotivation en Espagne. Cela nous permet de proposer une offre plus large aux agences, avec deux destinations très populaires. Néanmoins, nous ne souhaitons pas élargir davantage le nombre de DMC. Le conseil est essentiel et nous tenons à conserver ce travail d’artisan. Dans le détail, les demandes sont moins nombreuses pour Dubaï mais les dossiers sont souvent plus importants car l’émirat est devenu un acteur majeur des événements mondiaux qui attirent des participants venant de toute la planète. Rappelons qu’il accueillera la Cop 28 en décembre. Le Maroc a été très demandé l’année dernière, quasiment exclusivement Marrakech. Nous avons réalisé jusqu’à un dossier par semaine entre septembre 2022 et janvier 2023. Ces derniers mois, les prix ont beaucoup augmenté et les demandes sont moins nombreuses. Pour autant, on travaille déjà pour 2024. Le succès de la Grèce et de Malte ne se démentent pas et je constate avec plaisir le retour de la Tunisie sur le devant de la scène MICE, accessible depuis de nombreuses villes de France avec un excellent rapport qualité/prix. Enfin, nous continuons à représenter des destinations moins populaires comme l’Azerbaïdjan, la Géorgie, la Serbie ou les Pays Baltes où des dossiers se confirment à nouveau, malgré la proximité de la Russie.  C’est un travail de longue haleine mais il est important d’inciter les clients à oser de nouvelles expériences.

Propos recueillis par Thierry Beaurepère